VERCORS – Dessins originaux pastiches pour l’Exposition coloniale.

“La Revue est heureuse de pouvoir montrer quelques-uns des projets refusés (qui resteront donc inédits) grâce à l’indiscrétion de notre collaborateur Jean Bruller.”

3.500

Jean BRULLER dit VERCORS (1902-1991)

Dessins originaux.

Encre et crayon sur papier. 1930.

Planche au format 28 x 21 cm.

A propos de l’Exposition coloniale. 

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Projets factices d’affiches pour l’Exposition Coloniale de 1930 à Paris, composés d’une suite de six dessins satiriques anticolonialistes, réunis en une planche et pastichant Van Dongen, Kisling, Foujita, Rouault, Laurencin et Bofa.

Formidables et dénonciatrices études de Vercors empruntant le style de quelques-uns des plus fameux artistes de son temps pour proposer six projets factices d’affiches pour l’Exposition Coloniale. Les légendes grinçantes insistent sur le caractère inique de la colonisation française en Afrique, selon Vercors.

Le projet « Moïse Kisling » met en lumière une femme décharnée et visiblement affamée présentant un plateau d’oranges. Le sous-texte condamne l’exploitation de la terre africaine, allant de pair avec celle de sa population.

Le projet de Laurencin est plus léger et fait sourire, apportant un peu de douceur dans une œuvre de dénonciation sans concession.

Le projet de Bofa représente des Français de métropole, coiffés de casques de colons, assis à la terrasse d’un bistrot.

Le projet de Georges Rouault est le plus dur. La violence explicite de la condition des colonisés est montrée telle qu’elle est. Évidemment ces images ne sont pas celles que l’on souhaite montrer en métropole.

Le projet de Foujita, humoristique, dépeint le plus célèbre des artistes japonais à Montparnasse, carton à dessins sous le bras, passant devant le Dôme ; Montparnasse est sa colonie !

Le projet de Van Dongen ponctue de la plus drôle des manières cette suite. Une jeune femme vue de dos, portant la ceinture banane de Joséphine Baker, aurait fait une réclame idéale pour les colonies.

 

VERCORS : ITINERAIRE D’UN LIBRE PENSEUR, RESISTANT ET ANTICOLONIALISTE

Jean Bruller, né le 26 février 1902 à Paris, est une figure marquante de la littérature française du XXe siècle. Connu sous le pseudonyme de Vercors, qu’il adopte durant la Seconde Guerre mondiale, il est à la fois écrivain, illustrateur, éditeur clandestin et penseur engagé. Son œuvre et sa vie sont profondément marquées par les grands combats de son siècle : la lutte contre le nazisme et une prise de position précoce et courageuse contre le colonialisme.

Avant de devenir écrivain, Jean Bruller se fait d’abord connaître comme dessinateur satirique. Il collabore notamment avec Le CrapouillotLa Gazette des Lettres et L’Illustration. Son trait acéré et son humour attirent l’attention d’intellectuels, parmi lesquels Pierre de Lescure, écrivain et critique, avec qui il tisse une amitié durable. C’est avec Lescure qu’il fonde en 1941, en pleine occupation allemande, les Éditions de Minuit, maison clandestine de la Résistance littéraire française. Ils y publient ensemble, anonymement, Le Silence de la mer (1942), une nouvelle poignante qui deviendra un symbole de résistance intellectuelle.

Une voix anticolonialiste dès l’entre-deux-guerres : Bruller est l’un des rares intellectuels de sa génération à s’être opposé ouvertement à la colonisation dès les années 1930, dans des textes peu diffusés mais lucides. Il dénonce les abus de l’impérialisme français et le mépris des peuples colonisés. Cette posture, à contre-courant du discours dominant, s’inscrit dans une pensée profondément universaliste : « Le colonialisme n’est pas la lumière portée aux peuples, c’est l’ombre projetée de nos intérêts. » (Jean Bruller, lettre à André Gide, 1938)

 

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