Raymond RADIGUET (1903.1923)
Poème autographe signé.
Deux pages in-folio. 1919.
Ancienne collection Irène Lagut.
Magnifique et précieux manuscrit poétique, de premier jet, laissant apparaitre de nombreuses variantes inédites par rapport au texte définitif publié dans le recueil Les joues en feu en 1920.
Emploi du temps
Non content que Dimanche ignore les pensums
Au lieu de mots anglais mâchons du chewing-gum
Souriez un peu
Aurore a mangé volage
Le bonnet d’âne sied à ravir à votre âge
On a le temps de rougir durant les vacances
Ou bien quand on a lu tous les livres de prix
Nu-tête on s’exerce à chanter faux des romances
Pleurant sur les rosiers nains qui n’ont pas fleuri
Le lieu du rendez-vous
Ailleurs une pancarte
Permet aux écoliers de flâner en chemin !
Le moindre de mes soucis pourvu que demain
Les gratte-ciel jalousent mes châteaux de cartes
Les doigts engourdis à force de réussites
Je séparerai les divers brins du gazon
Sur lequel un soir mensonger vous vous assîtes
Puis dans l’herbe folle tu perdais la raison
Plus morte que vive sous le pont qui l’outrage
Roule la rivière et ses sanglots de plaisir
Vous seule excuseriez mon amour des voyages
Votre regard m’accompagne en train de plaisir
Conclusion
Lasse de soulever d’indociles collines
Elle en a assez des pensums que j’inventais
Désormais que déteigne la robe d’été
Je me sens assez fort pour regagner les villes.
Raymond Radiguet