Pierre CURIE culpabilise de son manque de soutien envers son frère.

« Je n’ai pas la conscience tranquille vis-à-vis de mon frère, il me semble que j’ai mal rempli la mission que je m’étais donnée de le défendre … »

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Pierre CURIE (1859-1906)

Lettre autographe signée.

Trois pages in-8° sur papier à en-tête de l’École de Physique et de Chimie.

Paris. 19 mars 1894.

 

« Je n’ai pas la conscience tranquille vis-à-vis de mon frère, il me semble que j’ai mal rempli la mission que je m’étais donnée de le défendre … »

Pierre Curie culpabilise de son manque de soutien envers son frère aîné, Jacques, qui avait postulé, sans succès, à une chaire académique.

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« Cher Monsieur, Je vous remercie bien de m’avoir si obligeamment envoyé, immédiatement, le résultat de la délibération du conseil de permanence. Je ne me faisais guère d’illusion sur ce résultat. Et cependant, aujourd’hui, je n’ai pas la conscience tranquille vis-à-vis de mon frère, il me semble que j’ai mal rempli la mission que je m’étais donnée de le défendre en cette circonstance.

Je n’ai pas su faire valoir ses titres scientifiques au point de vue géologique qui sont fort sérieux. Mon frère s’est occupé des roches volcaniques de l’Algérie. Pendant trois ans il a voyagé et étudié et le mémoire qu’il a donné est fort apprécié des pétrographes et des géologues. Enfin il fait aujourd’hui la carte des environs de Mende pour le service de la carte géologique de France. Il me semble qu’il pourrait parfaitement occuper une chaire de géologie et minéralogie, s’il était secondé par un maître de conférence pour la paléontologie.

L’unique travail de M. Delage est, au contraire, jugé très sévèrement par les géologues et les directeurs de la carte ont refusé d’admettre M. Delage parmi leurs collaborateurs.

Je regrette de n’avoir pas donné ces renseignement à M. votre père [Marcelin Berthelot] qui aurait pu les utiliser puisqu’il a bien voulu plaider chaleureusement la cause de mon frère.Remerciez le pour moi, je vous prie, et donnez-lui l’assurance de tout mon respect. Agréez, je vous prie, l’expression de mes meilleurs sentiments. P. Curie. La chaire de minéralogie que l’on veut créer à Lyon a été formellement promise à M. Offret, il n’y a donc rien pour mon frère de ce côté. »

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Les premiers travaux de recherches de Pierre Curie sont réalisés en collaboration avec son frère aîné, Jacques Curie (1856.1941) alors préparateur de Charles Friedel au laboratoire de minéralogie de la Sorbonne. Les deux jeunes hommes étudient les propriétés électriques des cristaux et découvrent, en 1880, le phénomène de piézoélectricité (la production d’électricité par la compression ou l’étirement de certains matériaux). Les frères collaborent jusqu’en 1883, date à laquelle ils se séparent. Jacques est nommé professeur de minéralogie à la Faculté des sciences de Montpellier, et Pierre est nommé chef de travaux à la toute nouvelle École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (EPCI).

A compter de 1887, Jacques enseigne durant trois années à l’École des sciences d’Alger parallèlement à ses recherches. Il ne sera titularisé à la chaire de Physique, à l’Université de Montpellier, qu’en 1903.

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