NAPOLEON (1769.1821)
Manuscrit autographe signé « Napoléon » dans le texte.
Une page in-folio.
Longwood, Sainte-Hélène. Sans date (1816)
Apostille autographe signée d’Emmanuel de Las Cases, et de son fils.
Extraordinaire et très précieux manuscrit de l’Empereur déchu, rédigé sur l’île de Sainte-Hélène, offrant une version primitive du plan d’une partie de ses Mémoires.
Rarissime relique de l’exil de Sainte-Hélène, le présent manuscrit correspond au sommaire du texte intitulé « 13 Vendémiaire », paru comme chapitre III de la partie « Guerre d’Italie » des Mémoires publiés en 1823 par Las Cases.
La tête de feuillet est rédigée par le fils d’Emmanuel de Las Cases, secrétaire occasionnel Napoléon à Sainte-Hélène, indiquant un titre et un sommaire en trois points :
Du 13 Vendémiaire (5 8bre 1795) à la fin de mars 1796. Espace de 6 mois.
13 Vendémiaire.
Commandement de l’armée de l’intérieur.
Nomination au commandement de l’armée d’Italie.
Napoléon raya ce texte et inscrivit en dessous dix têtes de chapitres, dont la dernière « Napoléon est nommé commandant en chef de l’armée d’Italie » est biffée par lui :
I Constitution de l’an 3
II Lois additionnelles à la Constitution
III Les Lois additionnelles sont acceptées par la majorité des assemblées primaires mais rejetées dans Paris.
IV Résistance ouverte des sections de Paris ; elles ont à leur disposition la Garde nationale.
V Menou est destitué du commandement en chef de l’armée de l’Intérieur et est mis en arrestation.
VI Dispositions de la Garde nationale de Paris pour attaquer les Tuileries. Mise en défense de la Convention.
VII Combat du 13 Vendémiaire.
VIII Le lendemain du 13 Vendémiaire
IX Napoléon est nommé commandant en chef de l’armée de l’intérieur.
X Napoléon est nommé commandant en chef de l’armée d’Italie.
En bas de page, une mention autographe signée d’Emmanuel de Las Cases indique :
« Écrit par Napoléon à Longwood ; manuscrit original des campagnes d’Italie. à Mr W. Fraser à Delhy. Passy 22 juillet 1825. Par le Cte de Las Cases. »
L’orientaliste écossais William Fraser (1784.1835) séjourna longuement à Delhi, en Inde, où, initialement secrétaire du Consul de Grande-Bretagne, il fut nommé Consul lui-même en 1833 jusqu’à son assassinat en 1835. Collectionneur de manuscrits, notamment orientaux, il reçut de Las Cases deux reliques de Sainte-Hélène : une mèche de cheveux de Napoléon, et le présent manuscrit.
LES MÉMOIRES DE NAPOLÉON :
Napoléon avait dit en 1814 à ses derniers fidèles : « J’écrirai les grandes choses que nous avons faitesensemble », et le confirma encore à Las Cases au début du mois d’août 1815 : « Nous écrirons nos Mémoires. Oui, il faut travailler ; le travail aussi est la faux du temps. Après tout, on doit remplir ses destinées ; c’est aussi ma grande doctrine. Eh bien ! Que les miennes s’accomplissent ».
Conscient de la place majeure qu’il avait occupée dans l’histoire de son temps, il consacra à Sainte-Hélène de longues heures à dicter – plus rarement écrire – le récit de ses campagnes, et des analyses militaires et politiques sur son époque. L’Empereur déchu s’attacha à façonner son image pour la postérité, lui qui avait su de son temps jouer en maitre de tous les moyens de communication pour imposer son personnage public de général révolutionnaire victorieux, de premier consul pacificateur et législateur, puis d’empereur bienfaisant.
La publication de ces « Mémoires » s’effectua en plusieurs étapes, de 1820 à 1869. Ils firent d’abord l’objet d’éditions partielles par Gourgaud en 1818, O’Meara en 1820 et Las Cases en 1823. De manière non encore exhaustive, et dans un ordre chronologique bouleversé, une large édition en fut donnée en 1823-1825 sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire de France sous Napoléon Ier, rééditée en 1830 dans une chronologie rétablie, tandis que la partie consacrée à l’Égypte, restée inédite, parut séparément en 1847.