Marceline DESBORDES-VALMORE – Manuscrit autographe – “Le Calvaire”.
“Puisque tu vas, Angélique – au calvaire des roseaux – rapporte-moi pour relique – une froide fleur des eaux.”
2.800€
“Puisque tu vas, Angélique – au calvaire des roseaux – rapporte-moi pour relique – une froide fleur des eaux.”
2.800€
Marceline DESBORDES-VALMORE (1786.1859)
Manuscrit autographe – Le Calvaire.
Trois pages in-8° à l’encre brune.
Infime trace d’onglet.
Lyon. Sans date [1829 ou 1830]
Précieux manuscrit de son poème Le Calvaire, constitué de quarante-huit vers heptasyllabiques rédigés en six strophes. Le manuscrit présente quelques corrections et ratures ainsi que plusieurs variantes avec le texte définitif.
Le Calvaire fait partie des Romances [1830] et fut recueilli dans le volume des Poésies, préfacé par Sainte-Beuve (Paris, Charpentier, 1842, pp. 209-210).
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Le Calvaire.
Puisque tu vas, Angélique
au calvaire des roseaux
rapporte-moi pour relique
une froide fleur des eaux.
on ne dort plus sous la haire ;
la nuit on m’entend gémir :
et les fleurs du vieux calvaire,
on me l’a dit, font dormir.
pauvre Angélique ! à ton âge,
quand on part seule, et nu-pied,
pour un long pèlerinage,
n’y va-t-on que par pitié ?
sur la sauvage bruyère,
colombe qui va gémir,
offre à Dieu quelque prière
pour que je puisse dormir.
mais quel philtre, quel breuvage,
endort au feu des éclairs,
le ramier dans l’esclavage,
quand l’été brûle les airs !
puisse la foudre descendre,
sur l’oiseau né pour gémir,
car peut-être sous la cendre
on le laissera dormir !
ah ! si j’osais, ma compagne,
me dérober sur tes pas,
dans l’air vif de la montagne,
j’oublierais… parlons plus bas :
ici, l’on meurt de ses peines ;
mais il n’en faut pas gémir :
enfant, tu n’as de chaînes ;
tu fuis… mais tu peux dormir !
crois-tu qu’un grand sacrifice,
puisse être agréable à Dieu ?
eh ! bien ! qu’il me soit propice ; …
je le joins à notre adieu :
porte au calvaire une image,
dont chaque trait fait gémir ;
car c’est elle … quel dommage !
qui m’empêche de dormir !
tu jetteras dans l’eau sainte
ce nœud défait, cette fleur,
et cet anneau d’hyacinthe
que je cachais sur mon cœur.
va-t’en ! je n’ai plus à rendre,
qu’une âme ardente à souffrir.
béni soit qui doit t’apprendre
que Dieu daigna l’endormir !
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Marceline Desbordes-Valmore fut l’une des premières femmes poète du romantisme français. Grande amie de Balzac, à qui elle donna l’idée de sa pièce Les ressources de Quinola, Sainte-Beuve et Baudelaire furent parmi ses premiers admirateurs, le premier publiant un recueil de ses œuvres poétiques en 1842, précédé d’une importante notice, le second lui consacrant une étude en 1861 dans La revue fantaisiste. Mais c’est surtout Verlaine, qui lui emprunta le secret de ses rimes impaires et qui la fit accéder au panthéon des poètes du XIXe siècle, en l’intégrant à ses Poètes maudits (1888, deuxième édition augmentée). Verlaine, qui avait beaucoup lu Marceline en compagnie de Rimbaud, à Londres, en 1873, écrivit en conclusion de son étude : « Marceline de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles, en compagnie de Sapho peut-être, et de sainte Desbordes-Valmore est tout bonnement, – avec George Sand, si différente, dure, non sans des indulgences charmantes, de haut bon sens, de fière et pour ainsi dire de mâle allure, – la seule femme Thérèse. »
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