Juliette DROUET (1806-1883).
Lettre autographe signée à Victor Hugo.
Quatre pages in-8°.
4 août 1851. Lundi matin 8h.
« Je veux que tu sois heureux, je veux tâcher de n’être jamais pour toi qu’un souvenir doux et honnête. »
Magnifique lettre amoureuse de Juliette Drouet à Victor Hugo.
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« Bonjour cher adoré, bonjour, je devrais rester sur ce bonjour dans lequel j’ai mis toute mon âme et ne pas me risquer plus avant de peur de rester en route et de trébucher sur quelques mauvaises pensées, de m’oublier dans quelques dangereuses haltes dont tout mon courage ne saurait me tirer avec honneur. Cependant j’ai besoin d’arriver jusqu’à ton cœur n’importe par quel chemin et quand je devrais me déchirer l’âme à toutes les ronces de la jalousie.
Mon Victor je crois que je touche enfin à la suprême guérison. Le désir que j’ai de t’épargner dans ta santé, dans ta patience, dans ta bonté et dans ton dévouement me donne un courage et une confiance que ma raison toute seule ne pourrait pas me donner. Je te vois t’épuiser en efforts de tout genre pour me persuader que tu m’aimes que tu m’as toujours aimée.
Sans chercher à comprendre un phénomène qui dépend de mon intelligence, j’y crois parce qu’avant toute explication je veux que tu n’aies ni soucis ni remords à mon sujet. Je veux que tu guérisses, je veux que tu sois heureux, je veux tâcher de n’être jamais pour toi qu’un souvenir doux et honnête et si peu gênant tu puisses le garder toute ta vie.
Mon pauvre bien aimé, je ne sais pas ce que je t’ai écrit car mes pensées et mes sensations sont plus fugitives qu’en rêve. Le mot commencé s’achève dans un autre ordre d’idées. Le sourire monte de mes lèvres à mes yeux pour les mouiller. La plainte douloureuse sort de ma poitrine en un long cri d’amour, d’espérance et de joie … »