Georges CLEMENCEAU s’émerveille enfin des sculptures de Pierre Puget.

Georges CLEMENCEAU (1841-1929)

Lettre autographe signée à François Thiébault-Sisson.

Trois pages in-8° sur papier à en-tête Le Président du Conseil.

Paris, 25 décembre 1919.

« Je suis au bout d’une longue vie »

Clemenceau s’émerveille enfin des sculptures de Pierre Puget.

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« Cher Confrère, Je ne trouverai point les paroles qu’il faudrait pour vous remercier des sentiments qui ont inspiré votre très aimable lettre et de l’admirable morceau d’art dont vous avez cru devoir l’accompagner. Je suis au bout d’une longue vie et, si fatigué que je sois certaines heures, je n’en ressens pas moins vivement la joie de certaines approbations. C’est vous dire que la vôtre m’a causé un plaisir tout particulier, mêlé d’un trop explicable ennui de vous voir renoncer en ma faveur à la contemplation quotidienne d’une pièce que je mets au premier rang des plus belles.

Je ne suis qu’un ignorant et j’avoue que je n’avais jugé Puget jusqu’ici que sur les caryatides ultra tourmentées de Toulon. C’est donc un homme nouveau qui m’apparait en votre compagnie, et cet homme-là, tel qu’il se manifeste ici, ne peut être dépassé. Deux heures après l’avoir reçu, l’objet s’était emparé de ma table de travail et de tous les visiteurs ce n’était qu’un cri d’admiration. Soyez assuré que je saurai faire les honneurs de ce véritable chef-d’œuvre en votre nom et au mien. Surtout croyez-moi votre ami G. Clemenceau. »

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François Thiebault-Sisson (1856.1944), journaliste et critique d’art, était un admirateur de Claude Monet. Il lui ouvrit les pages du Temps pour un entretien biographique du maître de Giverny, publié en novembre 1900. Dès 1918, il fut l’un des fervents acteurs du don des Nymphéas à l’État français.

Originaire de Marseille, peintre et sculpteur, Pierre Puget (1620-1694) avait sculpté pour la façade de l’hôtel de ville de Toulon les deux atlantes qui y figurent toujours.

François Sicard (1862-1934), sculpteur attitré de Georges Clemenceau dont il fit le buste ainsi que la pierre tombale, reçut en 1908 une commande de l’État (Clemenceau était alors président du Conseil) pour une sculpture en hommage au « Michel Ange français » Pierre Puget : destinée au jardin du Carrousel à Paris, elle fut finalement installée à Marseille.