Edgar DEGAS pleure la perte de sa soeur Marguerite.

Edgar DEGAS (1834.1917)

Lettre autographe signée à Sophie Niaudet-Berthelot.

Quatre pages in-8° sur papier de deuil. Slnd. [Automne 1895]

« Je suis un dur célibataire, et des pertes d’enfants me troublent singulièrement.»

Émouvante lettre de Degas se désolant de la mort d’Hélène Berthelot – fille de Sophie et Marcellin Berthelot – disparue à 32 ans. Le peintre en est d’autant plus affecté qu’il vient de perdre sa sœur Marguerite décédée à Buenos-Aires quelques semaines plus tôt.

« J’attendais, chère madame et amie, une convocation à l’enterrement de votre pauvre fillepour vous voir et vous dire combien les gens de là-bas [son beau-frère – veuf – et ses nièces exilés en Argentine] et moi nous prenions part.

J’ai su par les Halévy que vous aviez préféré le secret. Rien de ce qui touche nos vieux amis Berthelot ne peut nous être de peu. Et surtout la mort d’une jeune femme, que ma sœur et mes nièces ont si bien connue. Je suis un dur célibataire, et des pertes d’enfants me troublent singulièrement. Ça doit être affreux.

Depuis la mort de Marguerite, on m’écrit plus souvent de là-bas, et voilà que m’arrive des nouvelles, journaux et lettres, sur le projet de Fèvre au concours pour la salle du Congrès. Le pauvre homme tire ses dernières cartouches avec la même énergie, et une confiance touchante. Il serait bien temps qu’il blessât un peu gravement l’attention de ces Argentins.

Vous savez leur adresse là-bas, Casilla 1582. Un mot de vous les toucherait bien. Mais vous êtes assez bonne et fidèle pour l’avoir déjà fait. Je vous serre bien affectueusement la main ainsi qu’au pauvre Berthelot. Amitiés. Degas. »

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Sophie Niaudet-Berthelot (1837.1907), nièce de Louis Breguet, épousa Marcellin Berthelot, en 1861. Six enfants naquirent de cette union. Leur première fille, Hélène (1863.1895) fut la seule de la fratrie à ne pas survivre à ses parents.

Sophie Niaudet-Berthelot fut la première femme inhumée au Panthéon, où elle repose aux côtés de son époux.

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Marguerite Degas (1842-1895) fut l’un des modèles favoris de son frère Edgar. Elle épousa en 1865 l’architecte Henri Fèvre (1828-1900) qu’elle suivit à Buenos-Aires en 1889. Dans une situation financière délicate à la suite de mauvaises affaires, Fèvre espérait un nouveau départ en terre Argentine.

Marguerite s’éteignit à Buenos-Aires, le 2 octobre 1895, sans que Degas ne l’eut jamais revue.