André BRETON (1896.1966)
Manuscrit autographe – Forneret. Rien (au profit des pauvres)
Une ½ page in-4° sur papier bruni
Slnd.
« J’ai versé du sang dans un crâne, taillé un os de main pour écrire, essuyé cet os dans une chevelure morte. »
André Breton copie un extrait du célèbre recueil de Xavier Forneret publié à compte d’auteur en 1836, Rien et conclue sa note d’une mention émerveillée : “Admirable poétiquement“ témoignant de l’intérêt portée à l’Homme noir par le groupe surréaliste.
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Byron et Young dialoguent par une nuit d’orage.
“Eh bien, Byron, voilà une belle nuit, toute d’orage, toute de voix de tombes et de spectres. Entendez-vous les vitres qui craquent, la pluie qui coule ? N’est-ce pas, que c’est beau ?
– Oui, dit Byron, souvent j’ai eu l’âme égale à ce bouleversement, lorsque j’écrivais.
– Souvent moi, reprend Young, je me suis assis sur des côtes décharnées, et encore, encore en charpente ; j’ai versé du sang dans un crâne, taillé un os de main pour écrire, essuyé cet os dans une chevelure morte. Un jour, un soir, une nuit, il m’arriva d’être trop lourd, et le squelette qui me portait se brisa. Alors, mon corps se mit dans son ventre, et ses côtes se rassemblèrent sur mon estomac, après leur cassure, comme des ressorts qui cèdent, comme un trébuchet qui prend. Le crâne coiffa mon crâne, l’encre rouge trempa mon visage, et ma plume se perdit. Je voulus demeurer quatre jours enfermé dans cette espèce de cage, avec la calotte sur ma tête et les taches à ma figure. On me trouva un autre os. Je fis fermer toutes mes fenêtres pendant ces quatre jours ; une lampe, recouverte d’un verre pourpre, flamba sans cesse dans ma chambre, et je traçai ma douzième nuit. “
Admirable poétiquement. Précurseur de St Pol Roux.