Paul ÉLUARD – Sa fascinante liste d’œuvres vendues à Roland PENROSE.

Paul ÉLUARD (1895.1952)

Manuscrit autographe.

Liste d’œuvres d’art vendues à Roland Penrose.

Trois pages in-folio. Slnd [juin 1938]

La liste d’Éluard est accompagnée du reçu autographe signé de Roland Penrose attestant avoir réglé un acompte de £100 sur les 1600 dues.

 

« 6 Chirico, 10 Picasso, 40 Marx Ernst, 8 Miró, 3 Tanguy, 4 Magritte, 3 Man Ray, 3 Dali, 3 Arp, 1 Klee, 1 Chagall, et divers autres tableaux. »

Impressionnante liste autographe de la collection d’œuvres d’art vendue par Éluard à Roland Penrose, en juin 1938, accompagnée du reçu de la main de ce dernier.

La centaine de pièces de la collection de Paul Éluard donne le tournis : 6 Chirico, 10 Picasso, 40 Max Ernst^*, 8 Miró, 4 Dalí et autant de Tanguy, 3 Man Ray, sans oublier Giacometti, Klee, Chagall, Arp, Paalen, Toyen, Styrsky… et une vingtaine d’objets d’art premier ! Plus qu’une liste c’est un véritable recensement muséal : toute l’avant-garde est ici réunie et côtoie des œuvres d’art premier issues majoritairement des îles de l’Océan Pacifique.

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Chirico : L’Incertitude du poète (1913) L.05 x 0.9H

     “       : Le salut de l’ami lointain (1916) 0.47 x 0.35

     “       : Intérieur métaphysique (1919) 0.45 x 0.30

     “       : La surprise (1914) 1.03 x  0.75

     “       : Portrait de Gala et Paul Éluard (1924) 0.72 x 0.62

     “       : Le poète et le philosophe (dessin très travaillé 1913) 31 x 24

  

Picasso :  Sculpture (1914) Verre, fromage, couteau (bois) 41 x 27

     “        :  Fin d’un monstre (dessin 1937) 56 x 37

     “        :  Les danseurs (aquarelle 1915) 14 x 12

     “        :  Le crayon qui parle (1935) aquarelle. 51 x 34

     “        :  Le verre  (peinture 1922) 20 x 14

     “        :  Portrait de Nusch (lavis .1937) 44 x 29

     “        :  Carte postale (dessin 1937) 32 x 22

     “        :  Grand air (gravure, 1936. Poème P. Éluard)

     “        :  Gravure (1935) 69 x 49

     “        :  Petit personnage en fil de fer (1937) 20 x 6

 

17 Max Ernst : L’Éléphant de Célèbès (1921) 125 x 108

18          “          :  Oedipus-Rex (1922) 102 x 92

19          “          :  La Révolution le nuit (1923) 115 x 89

20         “          :  La Mariée du vent 99 x 79 (1924)

21          “          :  La Rose du Désert (1925) 74 x 59

22          “          :  Le Canard (1924) 33 x 26

23          “          :  Relief (1920) 43 x 38

24          “          :  Colombe bleue (1925) 64 x 52

25          “          :  Colombe blanche (1925) 63 x 54

26          “          :  Le Tricolor le Terrible et la marchande de journaux (1925)

27          “          :  L’Idole (1926)

28          “          :  Aquis submersus (1919) 0.53 x 0.43

29          “          :  Catarina ondulata (collage 1920)

30          “          :  Paysage aux oiseaux (1922) 1m.00 x 0.76

 

31 – Le couple dans la ville (1919) 37 x 29

32 – Paysage floral (1924) 46 x 38

33 – Deux personnages, un chien (1926)

34 – Marine noire au soleil bleu (1924)

35 – Marine au soleil noir (1924)

36 – L’entrée dans la terre (1924)

37 – Les sauveteurs (1923) 64 x 46

38 – Rêve (1923) 34 x 27

39 – Eve la seule qui nous reste (1925) 50 x 21

40 – Forêt (1925) 80 x 54

41 – Les amoureux (1926) 92 x 65

42 – Marine bleue au soleil bleu (1924) 72 x 60

43 – La pieuvre (1926) 80 x 65

44 – Arbres (1925) 90 x 54

45 – Le couple ((1923) 73 x 54

46 – Forêt (1925) 80 x 54

47 – La femme au parapluie (19

47 – L’orage (1923) 79 x 68

48 – La femme au parapluie (1923) 16 x10

49 – Forêt (1925) 61 x 46

50 – Personnage (collage 1932)

51 – Marine au soleil jaune (1923)

52 – Marine verte (1923)

53 – Paysage noir (1923)

54 – Forêt (1924)

55 – L’ascaride de sable (grand collage 1920)

56 – Forêt (relief 1924)

 

Dominguez : Objet magnétique (1935) 31 x 18

                         Le piano (1934) 89 x 78

Brauner : Etude (1934) 27 x 19

                  Portrait de Paul Éluard (1934 ) 72 x 59

 

Seligmann : Composition (1936) 47 x 40

 

Picabia : Animation (1913) aquarelle 64 x 52

     “         : Tiliae (1928)

     “         : Aurita (1928)

 

Dali : Colombe (1926) 61 x 50

    “    : Grand dessin (1936) 75 x 52

    “    : Artifices (1929) 65 x 40

 

Giacometti : Portrait de P. E. (1933) 72 x 59

 

Objets

Danseuse Bali

Dragon Bali

Tête   Nouvelles- Hébrides

Tête Crâne surmoulé Nouvelle – Guinée

Tête Nouvelle – Zélande

Masque Colombie – Britannique

Statue Philippines

Fétiche funéraire (rond) Ogooué

Statue Pahouine

Statue (pierre) Costa – Rica

Pipe (personnage et grenouille ardoise) Colombie britannique

Poupée (Nouveau – Mexique)

Fétiche funéraire. Ogooué

Masque – Nouvelle Guinée

Statuette – Nouvelle Guinée

Objet en jade du Pérou

Esquimau : Os gravé

 

Giacometti : Tête (sculpture)

 

3 Benquet (Le berger – Portrait de Gambetta – Paysage)

 

Klee : 57 – Le chevalier du Hohen (1921)

 

Chagall : 58 – Au village (1912) 31 x 21

 

Tanguy : Album de 20 dessins (1927) 0.32 x 0.49

     “         : Lumière terrestre (1929) 128 x 96

     “         : Tempête (1929)

     “         : Dérivés d’azur (1929) 78 x 63

Man Ray : La volière (1919)

      “          : Man Ray 1914

      “          : La tête et la main (1926) 71 x 52

 

Miró : Le fumeur (1925) 98 x 80

    “     : Le fumeur (1925) 64 x 49

    “     : Le désir a (1925) 115  x 88

    “     : Femme devant le crépuscule (1931) 24 x 19

    “     : Nocturne (1935) 43 x 30

    “     : Hommage à Nusch (1937) 65 x 55

    “     : Le cheval  (1927) 33 x 24

    “     : La palette (objet 1930)

Magritte : Le temps menaçant (1929) 71 x 52

      “          : Le ventre (1937) 45 x 41

      “          : L’eau précieuse (1929)

      “          : Portrait (1930)

Arp : Portrait de gala ((1905)

 “     : Nez et moustache

 “     : Relief (1922)

Paalen : Composition (1938) 91 x 72

Toyen : La voix de la forêt (34)

Styrsky : Vieil océan (1934)

      “        : La mariée (1934) collage

Bellmer : 2 gouaches

 

 

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Roland Penrose – Reçu autographe signé. Une page in-8°. 21 Downshire Hill. N.W.3. 27 juin [19]38

« Je soussigné Roland Penrose déclare avoir versé la somme de £100 à Paul Éluard (Grindel) à titre d’acompte sur l’achat de sa collection de tableaux et objets composé d’une centaine de pièces : 6 Chirico, 10 Picasso, 40 Marx Ernst, 8 Miró, 3 Tanguy, 4 Magritte, 3 Man Ray, 3 Dali, 3 Arp, 1 Klee, 1 Chagall, et divers autre tableaux et objets. Le reste du prix convenu de £1,600 sera payé le 1er novembre 1938 au plus tard contre les objets vendus que je prendrai 54 rue Legendre. Roland Penrose. »

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Roland Penrose est introduit au cœur même du milieu surréaliste par sa première épouse, la poétesse Valentine Boué, puis son ami Max Ernst. Il organise en 1936 à Londres la première grande exposition internationale avec André Breton et Paul Éluard. En cette année 1938, il ouvre la London Gallery, avec le groupe surréaliste anglais présidé par Herbert Read, et fonde avec Mesens le London Bulletin qui va compter jusqu’à la guerre parmi les revues surréalistes les plus actives. Cette même année 1938, il est à l’origine de la présentation de Guernica à Londres, aux New Burlington Galleries.

Dans le reçu autographe joint, daté du 27 juin, Penrose précise avoir réglé un acompte de 100 £ sur les 1.600 dues (la somme laisse pantois et cache probablement un arrangement opaque). Pour cette transaction, Paul Éluard n’aurait posé qu’une seule condition : que le prix ne fût pas l’objet de discussion.

Les deux hommes passèrent ensuite l’été 1938 à Mougins chez Picasso qui semble avoir été assez contrarié par cette transaction, même s’il n’en tint pas rigueur à son ami, les œuvres étant parties chez un « intime ».

En 1969 Roland Penrose fut victime d’un vol dont l’issue se termina heureusement : 25 tableaux et dessins de maîtres, évalués à 300 000 livres de l’époque, furent retrouvés intacts dans une maison en démolition. La collection comprenait 6 Picasso ainsi que les œuvres de Chagall, Max Ernst, Chirico et Miró.

Cette impressionnante collection serait aujourd’hui valorisée à plusieurs centaines de millions d’euros, sans guère de doute.

 

 

^* Éluard possédait en réalité 56 Ernst, ainsi que d’autres toiles de Bellmer, Picabia, Masson, Juan Gris et une esquisse de Renoir.

 

 

Bibliographie :

Paul Éluard et la peinture surréaliste, 1910-1939, Genève, Droz, 1982

Les tableaux de maîtres de Sir Roland Penrose ont été retrouvés. Le Monde – 1969