André GIDE écrit à Paul CLAUDEL son enthousiasme pour “Protée”.

André GIDE (1869.1951).

Lettre autographe signée à Paul Claudel.

Deux pages in-8° sur papier à en-tête de l’Hôtel de Flandre.

[Bruges] 24 novembre 1913.

« Gallimard venait de recevoir Protée… je n’ai pu résister à mon impatient désir et j’ai mis le manuscrit dans ma valise. »

Gide s’enthousiasme de la pièce de théâtre de Claudel.

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« Cher ami, J’ai été appelé à Bruges avant d’avoir pu vous envoyer Whitman. Excusez-moi. Je rentre à Paris demain. Vous recevrez le livre dans quelques jours. Mais ce n’est pas pour cela que je vous écris. Gallimard venait de recevoir Protée… je n’ai pu résister à mon impatient désir et j’ai mis le manuscrit dans ma valise. On n’est nulle part mieux qu’en wagon pour lire… Je suis ravi, émerveillé. Votre Protée est prodigieux. Il faut faire jouer cela, cher ami. Quelle admirable occasion cela donnera à vos amis de vous applaudir et de se battre un peu pour vous ! 

Si j’osais un conseil … ne le laissez paraître d’abord ni en livre, ni en revue – mais bien tout aussitôt sur la scène. Le Vieux Colombier jouerait cela, peut-être un peu moins bien que vous ne seriez joué en Allemagne, mais certainement mieux que vous ne seriez joué nulle part ailleurs à Paris. Je ne mets pas en doute que Copeau ne s’enthousiasme pas autant que moi – bien que ce ne soit pas peu dire ! – Je voudrais voir monter cela tout de suite. Protée nous rajeunira tous. J’entends déjà les rumeurs dans la salle, les sifflets et la longue ovation… Quelle lettre absurde je vous écris ! mais elle me fait du bien de vous l’écrire – si j’attendais demain, déjà je ne pourrais plus vous écrire que longuement. Bien votre André Gide. »

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La pièce de théâtre Protée fut écrite par Paul Claudel en 1913, en Allemagne, tandis qu’il tenait le poste de consul général à Francfort. Claudel avait sollicité Darius Milhaud afin qu’il crée une musique pour la représentation scénique. Malgré l’enthousiasme de Gide, et les tentatives de plusieurs metteurs en scène, la pièce ne fut pas jouée du vivant de Paul Claudel. La première représentation théâtrale n’eut lieu que le 25 février 1955 (deux jours après la mort du créateur) à la Comédie de Paris.