Léon BLUM (1872.1950)
Lettre autographe signée à Alfred Mortier.
Une page in-12°.
Paris [Mai 1910]
« C’est une vrai malchance que j’ai avec vous. Mais il faudra bien pourtant qu’elle finisse. »
Léon Blum, critique de théâtre, s’excuse de n’avoir pu assister à la représentation de la tragédie d’Alfred Mortier : Marius vaincu.
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« Cher Monsieur et ami, Vous avez compris ce qui m’avait empêché d’aller lundi au théâtre des arts : j’ai passé l’après-midi rue du Rocher (1) et à la gare de Lyon, et j’ai dû prier Pawlowski (2) à la dernière minute, d’envoyer Schneider (3) à ma place. J’en suis d’autant plus désolé que j’ai entendu tous les gens dont l’opinion compte pour moi – Régnier (4) notamment – s’exprimer sur Marius Vaincu (5) avec les plus grands éloges. C’est une vrai malchance que j’ai avec vous. Mais il faudra bien pourtant qu’elle finisse. Ne m’oubliez pas je vous en prie, dès que paraîtra la brochure, et croyez-moi bien cordialement à vous, Léon Blum. »
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1 – Peut-être chez son ami Louis-Alfred Natanson également critique théâtrale et qui demeura 43 rue du Rocher.
2- Gaston de Pawlowski (1874-1933), alors rédacteur en chef de l’influente revue culturelle Comœdia (de 1907 à 1914). Étonnante personnalité qui marqua tout à la fois le monde du journalisme théâtrale comme celui du cyclisme et de la science-fiction, auteur du Voyage au pays de la quatrième dimension, publié l’année suivante notre lettre, en 1911.
3- Louis Schneider (1861-1934), auteur et critique à Comœdia.
4- Henri de Régnier (1864-1936). Écrivain, poète, et critique influent.
5- Marius vaincu est une tragédie d’Alfred Mortier (1865-1937) représentée pour la première fois à Paris au Théâtre des arts le 24 mai 1910. Ce théâtre se situait 78 bis, boulevard des Batignolles dans le 17e arrondissement, aujourd’hui Théâtre Hébertot.
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Durant la première partie de sa vie et pendant 17 ans, c’est comme écrivain et critique que Léon Blum est reconnu. Parallèlement à sa profession de magistrat au Conseil d’État, il consacre l’essentiel de son activité professionnelle à l’écriture et la critique. Il participe à la revue Le Banquet dirigée par Fernand Gregh, où il côtoie notamment Marcel Proust et où il donne ses premières chroniques. À partir de 1892, il collabore durant près de neuf années à La Revue Blanche où ses chroniques établissent sa réputation dans le milieu littéraire parisien. Il est embauché chez Comœdia, principal quotidien à ne traiter que d’informations culturelles (théâtre, spectacle vivant, cinéma, musique, danse) de 1908 à 1911. Le journal est alors sous la direction de Gaston de Pawlowski.
Bibliographie : Léon Blum, la critique dramatique comme laboratoire de ses idées politiques. Université de Caen.