José-Maria de HEREDIA désolé du mariage de sa fille avec M. Maindron.

“Elle a préféré le malheureux à un très bon parti. C’est à son éloge. Pourvu qu’elle ne le regrette jamais !”

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José-Maria de HEREDIA (1842.1905)

Lettre autographe signée à un ami.

Trois pages in-8° à l’encre noire.

Sans lieu ni date. [1889]

 

“Elle a préféré le malheureux à un très bon parti. C’est à son éloge. Pourvu qu’elle ne le regrette jamais !”

Le poète se désole du mariage de sa fille Hélène avec Maurice Maindron.

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« Où diable, êtes-vous donc, cher ami ? Et quand reviendrez-vous ? Je m’ennuie ou plutôt il m’ennuie de ne plus vous voir. J’ai tout d’abord à vous remercier de la part de la jeune Madame, de votre cadeau qui lui a fait le plus grand plaisir. J’ai aussi à vous apprendre ce que vous aurez lu dans les journaux (si vous les lisez, homme errant et heureux), le mariage d’Hélène. Elle épouse Maurice Maindron, le romancier du Tournoi et de St Cendre, l’auteur d’un beau livre sur les armes et de nombreux mémoires d’histoire naturelle. C’est un brave homme, fort distingué et intelligent ; mais d’un caractère un peu difficile. Entre nous et n’y faites aucune allusion dans votre réponse, ce mariage ne m’enchante pas. Mais elle a vingt-huit ans et sait ce qu’elle fait. Il l’a séduite en lui disant qu’il avait été malheureux et elle a préféré le malheureux à un très bon parti. C’est à son éloge. Pourvu qu’elle ne le regrette jamais ! Le mariage aura lieu à la fin de ce mois-ci, probablement le 29. Serez-vous à Paris ?

Ici, rien de nouveau, sinon que ça marche bien au Journal. Il me semble que M. Letellier et moi nous nous plaisons beaucoup l’un l’autre. C’est à vous que je devrai ces loisirs, haec otia fecit, comme a dit le vieux Naro ; et cela me plaît de vous devoir encore qque chose, car je vous aime bien. Que dites-vous du Ministère ? Je ne le trouve pas si mal composé (Galliffet surtout) pour la besogne à faire, et je ne sais pas si le père Méline a bien fait de l’attaquer.  Il me semble que c’était le cas de s’abstenir. Vous, vous avez sagement agi en allant faire ce tour de France aussi politique qu’instructif.

Adieu, mon ami, si vous aviez été à Apremont, je serai allé me reposer deux ou trois jours à courir les bois avec vous. Je le ferai si cela vous agrée au mois d’août et de septembre. En attendant, portez-vous bien et songez qques fois amicalement à votre JM. de Heredia.  J’écris avec une salle plume de fer et une encre de boue, au Journal. C’est symbolique. »

 

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Maurice Maindron épousa l’aînée des trois filles de Heredia, Hélène-Élisabeth de Heredia (1871.1952) en 1895.

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