Hubert de GIVENCHY soutient son amie décoratrice, Janine Janet. 1956

“Avec le talent que vous avez, vous devez vous sentir très forte.”

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Hubert de GIVENCHY (1927-2018)

Lettre autographe signée à Janine Janet.

Deux pages in-4°. Cachet de la collection Janet.

Sans lieu. 20 août 1956.

 

Rare lettre du couturier français adressée à sa grande amie, l’artiste Janine Janet, décoratrice de Balenciaga et de la maison Givenchy.

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« Chère Janine. Ne soyez pas triste et surtout ayez confiance avec le talent que vous avez, vous devez vous sentir très forte. Je suis sûr que si vous pouvez réaliser vos projets ce sera une chose merveilleuse mais bien souvent comme cela est difficile surtout avec ces gens qui vous entourent. Je suis très heureux du voyage que vous faites et attend avec impatience le soir où vous me raconterez les merveilles que vous avez découvertes dans ce si joli pays. Très fort je vous embrasse. Ne m’oubliez pas auprès de Jean-Claude. A bientôt. Hubert ».

 

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Dans la préface du catalogue de l’exposition intitulée « Janine Janet, Métamorphoses » qui se tint au Musée de la Chasse et de la Nature en 2003, Hubert de Givenchy évoque sa relation avec Janine Janet et Balenciaga :

“J’ai eu le plaisir de rencontrer Janine Janet, grâce à Monsieur Balenciaga […]. Celui que j’ai toujours considéré comme mon maître, depuis notre rencontre en 1953, commençait alors une fructueuse collaboration avec l’artiste. Voulant affirmer le caractère exclusif et raffiné de sa maison de couture, Cristobal Balenciaga ne souhaitait pas que l’on exposât d’objets commerciaux dans ses vitrines de l’avenue George-V. Il confia donc à Janine Janet le soin de les installer à sa guise, avec pour seule contrainte l’exigence de proposer une équivalence plastique au luxe des collections. Pendant près de quinze ans, Janine déploiera un trésor d’imagination pour renouveler ses mises en scène. Ces vitrines étaient admirables ! Pleines d’invention et de fantaisie. A chaque fois qu’on les renouvelait, c’était l’émerveillement. Et, bien souvent, elles causaient des attroupements devant la maison Balenciaga pour les admirer. Là où la plupart des décorateurs se contentaient d’installations éphémères, Janine Janet concevait de véritables sculptures, nécessitant un immense travail. Je me souviens particulièrement de ces personnages de fantaisie, Le Parfumeur, Le Couturier et La Modiste, faits avec des accessoires correspondants à leurs différentes professions. Mais il y eut encore ces étonnants personnages de coquillages, ces femmes de paille et de roseau, ces étranges bustes hérissés de clous et bien d’autres créations qui se sont succédé avenue George-V. A mon tour, de façon plus modeste, j’ai demandé quelques oeuvres à Janine. C’est ainsi qu’elle a conçu de magnifiques chevaux pour les vitrines intérieures de ma maison de couture. Fruits d’une prodigieuse adresse, ils étaient entièrement gainés de passementerie. Une autre fois, ce furent des sphinges d’or, aux cous démesurément longs, lointaines héritières des fantaisies du XVIIIème siècle. Passionnée par les métamorphoses, le jeu des transpositions qui permet d’évoquer une matière avec une autre, de suggérer l’élément d’un règne animal, végétal ou minéral en empruntant aux autres, elle fit d’autres choses pour moi : un coq dont le corps n’était que d’immenses tulipes perroquets, ou bien des corbeilles de fleurs aux pétales et corolles formées de pierres de couleur. Il y eut enfin ces deux bustes extraordinaires, l’un en corail rouge et l’autre en jais et améthyste, que je voulus conserver dans ma maison de campagne. J’aimais voir Janine travailler. Son enthousiasme était surprenant, sans relâche, elle aurait pu travailler des jours et des nuits sans s’arrêter […]”.

 

 

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