Frantisek KUPKA et l’exposition Cubism and Abstract Art à New-York.

Frantisek KUPKA (1871.1957).

Lettre autographe signée à son ami critique d’art, Georges Turpin.

Trois pages grand in-8° en français. Enveloppe autographe.

Puteaux (cachet). 22 juillet 1936.

« La presse en général s’est montrée d’une ignorance en art tout ce qu’il y a de plus navrante. »

Superbe lettre de Kupka évoquant l’exposition Cubism and Abstract Art qui se tint au Museum of Modern Art de New-York du 2 mars au 19 avril 1936, durant laquelle il exposa plusieurs œuvres.

« Bien cher ami, Cette fois-ci je suis obligé de vous demander un grand, bien grand pardon. Depuis l’ouverture de l’exposition au Jeu de Paumes je n’ai pas encore trouvé le moyen de vous remercier de votre Ier article dans « Ville de Paris » et vous que dans tout ce qui a paru dans les papiers imprimés, me concernant, c’est vous qui avez écrit le plus clairement et en homme averti. (Vraiment la presse en général s’est montrée d’une ignorance en art tout ce qu’il y a de plus navrante et en particulier insipide en ce qui concerne toute tentative pour sortir de l’illogique de la peinture traditionnelle). A présent, j’ai encore à vous remercier d’un deuxième article publié dans « La Griffe » que vous avez eu l’obligeance de m’envoyer, et qui est également très bien. Pour être reposé, je le suis tout à fait mais j’ai toujours ma jambe à soigner et depuis la fermeture de l’exposition je n’ai pas encore trouvé la possibilité de rester une quinzaine de jours au lit sans bouger, comme le médecin me l’a ordonné. J’ai du faire des courses à Paris, pour lesquelles je ne pouvais pas me faire remplacer, et de ce fait ma jambe est toujours à peu près pareille. Aujourd’hui je vous écris  au lit ; oh ! les pattes de mouches !! En plus de tout cela, je suis dans la dèche ; chez nous, nous comptons les sous. J’ai envoyé mon adhésion et cotisation à M. Pierre Massé. Il reste à savoir si je pourrai envoyer quelque chose à l’exposition du « trait », car je n’ai rien de neuf à présenter.Peut-être que d’ici là vous aurez l’occasion de venir à Puteaux et choisir vous-même. Vous m’avez demandé un catalogue de mon exposition. Le paquet est prêt depuis longtemps. Heureusement que ce n’est pas pressé, du moment qu’il ne s’agit que de le mettre dans votre archive.  J’ai aussi un livre du XVIIIe écrit par un Turpin cela vous intéressera. Pour le moment je suis en train de me demander comment j’arriverai à égaliser au moins ma situation vis-à-vis de vous, je vous dois beaucoup. J’espère que le beau temps ne tardera pas à revenir et qu’ainsi vous pourrez profiter de vos vacances et de bien vous reposer, car vous aussi, vous en avez grand besoin ? Dites nos compliments à Mme Turpin, nos meilleurs souvenirs et croyez-moi votre obligé Kupka. »