COLETTE et son amour fou du champagne.

Sidonie Gabrielle Colette, dite  COLETTE (1873.1954)

Lettre autographe signée à son amie Julie Ruc.

Deux pages grand in-4° sur papier bleu.

Enveloppe autographe. Slnd.

« Prunes et champagne, je les élève à la hauteur de monuments historiques. »

Colette et son amour du champagne.

« Je me le disais bien, que vous deviez être souffrante, ma chère Julie ! Une bronchite, par ce temps-là, n’est pas une bagatelle. Mais qui donc vous obligera à être prudente pour vous, alors que vous êtes soucieuse de tant de gens ? Ne vous tourmentez pas, surtout, au sujet d’une erreur de votre envoyé, j’ai deviné tout de suite que son message se trompait de but. Mais je n’avais pas prévu que son erreur tournerait tellement à mon avantage : prunes et champagne, je les élève à la hauteur de monuments historiques. Ce ne seront pas des monuments « classés », je suis bien incapable de les respecter longtemps. Et j’avoue que pour me consoler de ne vous avoir pas vue ce matin, j’ai débouché tout de suite le vénérable et merveilleux flacon. C’est épatant, comme on disant avant de dire « c’est formidable ». Le temps a opéré dans le meilleur sens, la prune a donné son sucre à l’alcool, et l’alcool a infusé sa force à la chair du fruit. Maurice et Pauline ont bien applaudi à l’idée de prendre la pomme en guise d’apéritif ? Mais j’ai remis au flacon sa couronne ? Trêve d’orgies… pendant quelques jours. Ma chère Julie, prenez la résolution de venir me voir sans tarder. Je vous promets … de ne pas vous dire merci. Êtes-vous tout à fait guérie ? Du fond de mes couvertures, je vous embrasse. Colette. »