Victor HUGO lance le feu de la révolte contre Napoléon III. 1852.

« C’est un incendie en effet que je voudrais allumer, incendie de toutes les haines, incendie de toutes les colères, incendie de tous les regrets, incendie de tous les sentiments généreux qui couvent à cette heure dans le tas de cendres qu’est la France. »

Vendu

Victor HUGO (1802.1885)

Lettre autographe signée à Noël Parfait, chez Alexandre Dumas, à Bruxelles.   

Trois pages in-8° sur papier fin. Manques au pli central sans atteinte au texte.

Adresse autographe et oblitérations postales.

Jersey. 29 août 1852.

 

« C’est un incendie en effet que je voudrais allumer, incendie de toutes les haines, incendie de toutes les colères, incendie de tous les regrets, incendie de tous les sentiments généreux qui couvent à cette heure dans le tas de cendres qu’est la France. »

Napoléon le Petit envahit Paris. Depuis Jersey, sa terre d’exil anglo-normande, Victor Hugo se réjouit de voir son pamphlet contre Napoléon III gagner les foyers de la capitale. Le grand homme entend faire souffler le vent de la révolte et de la liberté.

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« Quelle bonne lettre, cher collègue ! Le mot de Barthélémy* nous a charmés. C’est un incendie en effet que je voudrais allumer, incendie de toutes les haines, incendie de toutes les colères, incendie de tous les regrets, incendie de tous les sentiments généreux qui couvent à cette heure dans le tas de cendres qu’est la France. Hélas ! Quand l’étincelle jaillira-t-elle !

On me donne de Paris d’assez bonnes nouvelles. Haynau [le général autrichien Julius Jacob Von Haynau] est à Paris, et ma page sur lui l’y a précédé. On a fait foisonner les copies. Le faubourg St Antoine s’émeut un peu, me dit-on. On me dit même s’émeut beaucoup. Mais je traduis ce beaucoup par un peu. Soyons modestes.

Notre cher Dumas est à Turin. On m’écrit de Paris qu’on s’arrache ses feuilletons sur moi. Je suis avide de les lire, et tout mon groupe a la même soif. Vous serez bien aimable, cher Parfait, de me faire envoyer le volume ou les volumes que je n’ai pas par le ballot où Tarride m’enverra mes exemplaires de Nap. le petit. Remettez-les lui pour cela.

Que devenez-vous ? Que reste-t-il des bons dîneurs du boulevard Waterloo ? où sont tous les excellents amis, Courtier, [Armand] Bouquié, [Jules] Hetzel, [Gaspard de] Cherville ? Serrez-leur la main.

Ecrivez-moi souvent, et longuement. Nous lisons vos lettres en famille. Ma femme ne tarit pas sur la vôtre. S’aimer dans la proscription, cela compte double.

Offrez à Madame Parfait et à Mademoiselle Dumas [Marie Dumas, fille d’Alexandre] tous mes hommages et tous nos souvenirs. Mettez Charles et moi à leurs pieds. Et puis, que ces dames nous permettent de nous relever pour vous embrasser. Tuus. Victor H. »

 

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Deux éditions de Napoléon le Petit furent publiées presque simultanément à Bruxelles et à Londres, à l’aube d’août 1852. La première (au format petit in-12) destinée au marché belge et étranger ; la seconde (au format in-32) plus petite destinée à être passée clandestinement en France malgré la surveillance ardente des autorités napoléoniennes.

L’ouvrage ne sera édité en France qu’au retour d’exil du grand homme, près de vingt ans plus tard, chez Hetzel et Cie, à la date symbolique du 2 décembre 1870.

* Barthélémy Terrier, médecin et républicain convaincu, fut proscrit en Angleterre toute la durée du second Empire.

 

 

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