Charles de GAULLE (1890.1970)
Lettre autographe signée à Lucien Nachin.
Quatre pages in-8° sur le papier à en-tête du cabinet du maréchal Pétain.
Paris. 12 janvier 1926.
« L’organisation défensive, nécessaire en permanence, […] est une affaire de gouvernement. »
Détaché au cabinet du maréchal Pétain, le capitaine Charles de Gaulle développe ses visions stratégiques pour la défense nationale. Louant la mémoire de quelques militaires aînés tels Vauban, Gouvion Saint-Cyr et Séré de Rivières, il alerte son correspondant sur l’indispensable nécessité d’une armée moderne et volontaire.
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« Mon cher camarade, Les observations que vous avez hier voulu m’adresser au sujet de l’étude sur le “Rôle de nos places” sont, pour moi, une preuve nouvelle de votre compréhension et de la pénétration de votre esprit ; toutes sont judicieuses et si je ne me rallie pas à chacune, croyez bien que j’en tire profit.
Nous sommes d’accord, me semble-t-il, à la manière de juger Vauban, Gouvion St Cyr et même Séré de Rivières : Chacun de ces hommes doit être loué pour avoir su faire la synthèse des conditions de la défense nationale à leur époque ; tous trois ont cru nécessaire de dresser un système défensif du territoire. Mais, peut-être ne voyons-nous pas tout à fait les choses sous le même angle, pensant aux nécessités d’aujourd’hui.
Vous paraissiez inquiet d’une organisation défensive qui enchaînerait le plan du commandement. Aussi ne faut-il pas, à mon humble avis, que l’organisation défensive soit, – comme beaucoup le souhaitent – fonction du plan d’opérations. L’organisation défensive, nécessaire en permanence, et qui tient aux conditions géographiques, politiques, morales même où se trouve le pays est une affaire de gouvernement.
Le plan d’opérations est l’affaire du commandement. Celui-ci fait entrer les places (quelle que soit leur forme) dans ses projets à titres de moyens, exactement comme il fait entre les effectifs, le matériel, la puissance mécanique.
Si j’ai quelque jour la bonne fortune de vous rencontrer, je préciserai, si vous le voulez bien, ce qu’on pourrait faire aujourd’hui. Encore une fois, tous mes remerciements, mon cher camarade tous mes vœux de nouvelle année et l’assurance de ma très haute estime et de ma très cordiale sympathie. C. de Gaulle. »