Louis-Ferdinand CÉLINE honoré pour son “Voyage au bout de la nuit”. 1933.

« Je peux mourir à présent. Je suis tranquille. La postérité me verra sous mon vrai jour entre Totor et Simenon. »

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Louis-Ferdinand CÉLINE (1894.1961)

Lettre autographe signée à Lucien Descaves.

Une page in-4°.

Slnd [décembre 1933].

Lettre inédite à la correspondance de la Pléiade.

 

« Je peux mourir à présent. Je suis tranquille. La postérité me verra sous mon vrai jour entre Totor et Simenon. »

Céline remercie son ami de son nouvel article dithyrambique sur le Voyage au bout de la nuit, un an après la non-obtention du Prix Goncourt. Défenseur farouche du roman célinien, Descaves venait de publier, dans l’Œuvre, des lignes amicales comparant Céline à Victor Hugo, Georges Simenon et Arthur Schopenhauer.

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« Cher Maître et Ami, Me voici bien en retard pour vous remercier de m’avoir encore traité magnifiquement dans votre article de l’Œuvre. Je peux mourir à présent. Je suis tranquille. La postérité me verra sous mon vrai jour entre Totor et Simenon. Sans compter que c’est exactement vrai. Bien affectueusement, Louis. »

 

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Lucien Descaves et le phénomène du Voyage au bout de la nuit. Article de l’œuvre de décembre 1933 : « Ce n’est pas l’année de la première de Cromwell ni l’année de la bataille d’Hernani… Non. Mais à un an de distance et le jour anniversaire de l’attribution du Goncourt 1933, je me dis que cet événement littéraire a tout de même une certaine importance. Le 6 décembre 1932, l’Académie Goncourt ne décernait pas son Prix à Louis-Ferdinand Céline mais il y a des défaites pour le moins aussi glorieuses que des victoires, et le livre qui n’eut pas Prix Goncourt a dépassé en retentissement, on peut le dire, l’ouvrage couronné. Et c’est assez pour que je ne croie pas trahir la confiance d’Edmond de Goncourt en considérant comme « des tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme » (ce sont les termes de son testament), les livres de Louis-Ferdinand Céline et de Georges Simenon. Tous deux aiment la vie et ce n’est pas par leur façon de la traduire ou ils démériteraient à nos yeux – au contraire. Ils ébranlent le culte que nous rendions à l’écriture artiste, mais ils ne se proposent pas pour cela d’écrire mal : ils ne manifestent que l’intention d’écrire autrement. Les grossièretés qu’on reproche à Céline sont dans les vieux auteurs, comme son pessimisme est dans Schopenhauer, que nous avons aimé au temps du naturalisme. Ce n’est pas quand la poussière du vieux monde est secouée, comme en ce moment par un tremblement de tout qu’on doit s’étonner des oscillations de la pensée et de l’expression. Lucien Descaves. »

 

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