Jacques MESRINE (1936.1979)
Lettre autographe signée à sa maîtresse Jeanne Schneider.
Deux pages in-4°.
[Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. 22 octobre 1976].
« Je crois que j’ai toujours su que je finirais ma vie en prison. J’ai voulu ce genre de vie, je n’ai aucun regret… »
Emprisonné à Fleury-Mérogis, Jacques Mesrine assume sa vie de marginal du banditisme.
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« Bonsoir petite fille. Pas de lettre ce soir, mais par contre, une de Sabrina [sa fille Sabrina Mesrine] qui me dit qu’elle est chez Michel Mouly car l’avocate a perdu son mari qui était mourant et a eu besoin de la chambre. Comme la petite vient demain j’en saurai plus à ce sujet. Mais si tu pouvais être libre, je la ferais vivre avec toi (si tu le voulais). Que de soucis avec ces mômes… mais elle a l’air de faire un effort. Alors je prends patience pour le reste. J’ai aussi reçu une lettre de Mury qui saute des mots comme toujours … mais s’applique en écriture. Je lui ai fait une lettre hier. J’ai aussi reçu un mot de ma « copine » Francine … je sais que cela ne te plaît pas ! mais je n’ai pas à te le cacher. J’ai énormément d’estime et d’amitié pour elle. À toi d’être femme et de ne te pas te faire de cinéma. Cette fille a sa vie amoureuse… mais Mister Jack lui ! est et restera « l’ami ». Et puis c’est bon que tu sois un peu jalouse (sic), cela te prouve que ton vieux pirate est valide … s’il n’est pas libre dans tout le sens du terme. Car je n’oublie pas que tu es ma femme, et si bien des femmes ont partagé mon lit, une seule a su conserver mon cœur « TOI » … alors, jalouse ou pas … je préfère sourire et t’aimer.
J’ai eu la visite de Maître Malinbau. On lui a dit chez les femmes que tu étais sur les nerfs à attendre cette maudite liberté … oui, la réponse ne vient pas vite… Mais patience, sais-tu ce que j’ai fait … je me suis payé un nouveau poste de radio … oui, je me fais un cadeau. Il est nettement meilleur que mon ancien poste. Tiens, je te mets les six chevaux du tiercé que je vois « FAROV » « SLOW-FOX » « MISTFUL » « BELLA- BELLA » « MIGRATEUR » « MIRASSI » un des deux premiers étant d’après moi à l’arrivée. Tu voudrais savoir mon jeu ? Je ne saurai que demain le nom de mon cheval. Mais j’ai une méthode, qui plus je fais mes calculs, me paraît infaillible. Il faut beaucoup de fric pour la mettre en pratique, mais rapport certain « 1 brique » par mois. La paie d’un « DR » … enfin un peu plus (sic), et net d’impôts (resic). Tu sais que je suis très fort dans les calculs de probabilité … sauf en calculant les risques de ma vie ! … et encore, je crois que j’ai toujours su que je finirais ma vie en prison … sauf cavale ? J’ai voulu ce genre de vie, je n’ai aucun regret réel, sauf pour le mal que j’ai fait aux mômes par ma non-présence. Mais cela ne peut pas se payer en années de prison … le simple fait de le savoir fait mal parfois. Et toi petite fille ! toujours à attendre … que c’est long ! Pourvu que ? Enfin, j’espère toujours pour toi. Ton pirate pose de doux bécots sur tes lèvres. Je t’aime ma puce. Rien n’est important en dehors de cela. Bonne nuit chaton, Toi et moi « toujours » ton VIEJO Bandido & Tuyo »