Alfred JARRY annonce ses deux prochains ouvrages. 1907.

Alfred JARRY (1873.1907)

Lettre autographe signée à Thadée Natanson.

Une page in-8°. Enveloppe autographe.

Laval. 12 juillet 1907.

« Je voulais offrir La Dragonne à Octave Mirbeau comme La Chandelle Verte à vous et vos frères. »

Belle lettre de Jarry remerciant Natanson et Octave Mirbeau de leur aide financière, tout en leur offrant de leur dédier deux de ses prochains ouvrages : La Dragonne et La Chandelle Verte.

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« Merci encore de tout, mon cher ami, à vous, à vos frères et à Mirbeau. Le voyage de Paris s’est bien passé, tout est en ordre rue Cassette et si je n’ai point été vous voir, la faute n’en fut qu’à mes forces encore limitées. Je n’ai pu sortir – et encore que dans mon quartier – qu’en voiture et suis rentré dans la nuit de mercredi à jeudi. Curieuse coïncidence : j’avais vis-à-vis de Mirbeau, un projet de dédicace de livre assez ancien pour que je puisse ne pas craindre qu’il soit inspiré par la reconnaissance : j’en ai fait confidence à Vallette et à d’autres amis voici plusieurs mois : je voulais offrir La Dragonne à Octave Mirbeau comme La Chandelle Verte à vous et vos frères. A ce propos, je n’ai point à Laval l’adresse de Mirbeau, et serais heureux de la retrouver afin de lui écrire. Le voyage, loin de me démolir, m’a redonné du nerf et la besogne ira bien. J’espère même m’acquitter fin août de toutes ces dettes amicales qui m’ont rendu grand service mais dont je suis confus un peu. Et je vous serre la main affectueusement. A. Jarry »

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Atteint par la tuberculose, Jarry avait rejoint sa sœur Charlotte à Laval au printemps 1906. Pendant toute l’année 1907, à l’exception de courts séjours à Paris, Jarry resta le plus souvent à Laval, installé dans la maison familiale de la rue de Bootz.

Ses amis parisiens, les trois frères Natanson : Thadée, Alexandre et Louis-Alfred mais aussi Alfred Valette et Octave Mirbeau, se mobilisèrent pour lui apporter une aide financière. Jarry, qui se trouvait en effet dans le dénuement le plus complet, ne savait comment régler le terme de son loyer de la rue Cassette à Paris et faire patienter son propriétaire, Henri Garnier, qui menaçait de l’expulser, pour pouvoir récupérer ses manuscrits restés dans ce logement.

Les ouvrages en chantier de Jarry seront publiés de manière posthume. L’offre de dédier l’un d’eux, La Dragonne, à Octave Mirbeau est restée sans suite. La Dragonne, roman resté inachevé et dédié à la mémoire de sa mère, occupa Jarry durant les cinq dernières années de sa vie et ne fut publié de manière fragmentaire qu’en 1943.

Quant à La Chandelle Verte, inspiré par le vocabulaire du père Ubu, il s’agissait pour Jarry d’y regrouper ses chroniques et exercices de pataphysiques publiés entre 1901 et 1904.