Charles de GAULLE (1890.1970)
Lettre autographe signée à Yvonne Salmon.
Deux pages in-8° sur papier à son en-tête.
Londres. 4, Carlton Gardens. 2 janvier 1943.
À l’aube de l’année 1943, le Général adresse ses vœux tout en remerciant sa fidèle alliée pour le cadeau très symbolique d’une boîte de cigare que celle-ci lui a offert. Nous joignons le brouillon de la très émouvante lettre d’Yvonne Salmon adressée au général de Gaulle le 24 décembre 1942.
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« Chère Mademoiselle, Je suis profondément touché du cadeau que vous me faites et de la façon dont vous l’avez fait. Bien que fort gêné par le scrupule d’accepter un souvenir que votre père vous a laissé, je ne puis me permettre de vous le refuser. Je vous demande de croire à quel point sont sincères les vœux de nouvelle année que je forme à votre intention. Comment pourrais-je négliger une Française de qualité qui a su trouver les mots et gestes du réconfort vis-à-vis d’un homme qui trouve rarement autre chose ? Ma femme se joint à moi pour vous exprimer mille souhaits et nos meilleurs souvenirs. C. de Gaulle. »
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Brouillon de lettre d’Yvonne Salmon au général de Gaulle. Deux pages in-8° oblongues. Le 24 décembre 1942.
« Mon Général, Depuis trois mois je me suis particulièrement attachée à faire des conférences et à écrire un petit livre pour les écoliers anglais ayant pour titre : Charles de Gaulle ; de sorte que j’ai sans cesse eu l’esprit occupé de ce que mon père penserait s’il vivait en ce moment et ma gratitude envers vous en est encore augmentée. Mon père aimait beaucoup sa boîte à cigares qui venait de la famille de ma mère ; c’est uniquement pour la valeur sentimentale que nous y attachons que je vous prie de l’accepter de ma part et de celle de mon frère et de ma sœur tous deux en France. M. Thémoin dont le père était un ami du mien et qui pensait comme lui quand il s’agissait de l’honneur et de la France, vous demande la permission d’y mettre les cigares qui la remplissent. Nous ne voyons dans cette petite chose que l’occasion de vous exprimer nos vœux pour que Dieu vous aide dans votre tâche si difficile de rester pur dans un monde qui ne veut pas voir où conduit l’équivoque morale. Seul vous donnez un sens à notre lutte et empêchez les honnêtes gens de désespérer. C’est pourquoi nous vous sommes reconnaissants de bien vouloir accepter notre petit hommage avec l’assurance de mon profond dévouement. »
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Yvonne Salmon (1885-1965), infirmière aux armées durant la Grande Guerre, puis professeure de civilisation française à l’université de Reading, offrit ses services au général de Gaulle au lendemain de l’appel du 18 juin. Active propagandiste de la France libre à travers l’Alliance française, elle donna d’innombrables conférences et publia en 1943, à Londres, la première biographie du chef de la France libre intitulée « Le général de Gaulle », qui sera rééditée à Alger en 1945 et à Paris en 2010. Après la guerre, elle demeura une gaulliste convaincue.