Frédéric BARTHOLDI (1834.1904)
Lettre autographe signée à Georges Glaenzer.
Trois pages in-8° sur papier à son en-tête.
Paris. 19 décembre 1882.
« Je crois que les amateurs qui monteront dans le flambeau éprouveront une assez étrange sensation. »
Superbe lettre de Bartholdi évoquant la Statue de la Liberté et son émotion quant à l’avancée des travaux de son chef d’œuvre, en construction à Paris.
« Mon cher ami, c’est toujours avec un grand plaisir que je reçois les journaux sur lesquels je vois le bon petit timbre violet Glaenzer. Cela me donne de vos nouvelles et montre que votre pensée franchit l’eau et vit toujours avec nous. Nous avons eu grand plaisir au Comité en recevant des nouvelles de l’entrée en action du Comité américain. Nous avons certainement à remercier tout particulièrement votre cher beau-père et c’est ce que je tien à faire par votre intermédiaire, au moment où je mets à la poste une lettre officielle de M. Laboulaye adressée à M. Evarts et à son Comité. Je vous adresse en même temps quelques photographies qui donnent le détail des travaux. Nous avançons rapidement et au printemps on verra notre colosse planer au-dessus du parc Monceau. Cela commence déjà à être diablement haut et je crois que les amateurs qui monteront dans le flambeau éprouveront une assez étrange sensation. Ainsi, comme vous voyez, tout va bien et si la souscription en Amérique se met au diapason du dernier meeting, tout sera pour le mieux. Veuillez exprimer à votre cher beau-père toute la part que j’ai prise à ses chagrins et à ses soucis ; espérons qu’il va retrouver les éléments de satisfaction qu’il mérite tant par son cœur. Ma femme se joint à moi pour vous adresser ainsi qu’à madame Glaenzer et qu’à tous autour de vous, tous nos souhaits les plus affectueux pour la nouvelle année, et je vous serre la main bien de cœur, votre dévoué Bartholdi. M. de Stuckle présentement à New-York doit vous voir pour vous parler d’une grande toile peinte du monument qui pourrait être utile au Comité et dont nous lui faisons hommage. »
Les pièces de la statue furent stockée dans la cour des ateliers Gaget et Gauthier, à Paris, en attendant d’être assemblées. L’idée de Bartholdi étant de faire un montage complet de la statue avant de l’envoyer à New-York. Le paysage parisien fut ainsi, pendant quelques années, dominé par cette imposante structure métallique de 46 mètres de haut qui écrasait de sa taille le parc Monceau tout proche.
Bartholdi évoque dans cette lettre des hommes décisifs à l’édification de la Statue :
Georges Auguste Glaenzer (1848.1915), ami et correspondant régulier de Bartholdi, expatrié à New-York, fut Secrétaire de la Commission Française de souscription à la Statue de la Liberté.
Édouard de Laboulaye (1811.1883) que l’histoire retient comme celui qui insuffla l’idée d’offrir une statue à l’Amérique pour sceller l’amitié transatlantique.
Henri de Stucklé, ingénieur français expatrié en Amérique, qui participa, à New-York, aux études du socle de la statue.
William M. Evarts (1818-1901) présida un Comité de souscription chargé de la récolte de fonds pour la construction du socle dès 1877
Les lettres de Bartholdi évoquant la création de la Statue sont de la plus grande rareté.