Raoul DUFY – Deux longues lettres autographes signées sur sa peinture.

« J’ai l’air d’oublier mes amis, mais ce n’est qu’une apparence, c’est pour eux et pour leurs femmes que je fais des étoffes agréables, que j’illustre des livres, que je peinds. » 

1.200

Raoul DUFY (1877.1953)

Ensemble de deux longues lettres autographes signées

au couple de collectionneurs Alfred et Germaine Rome.

Sept pages ½ in-8° au total. Une enveloppe autographe.

Légères traces d’adhésif en marge.

Vence, 1er juillet 1920 et samedi 24 novembre [1920]

 

« J’ai l’air d’oublier mes amis, mais ce n’est qu’une apparence, c’est pour eux et pour leurs femmes que je fais des étoffes agréables, que j’illustre des livres, que je peinds. » 

Intéressant témoignage des créations de tapisseries initiés par Raoul Dufy à l’aube des années 20. L’artiste, débordé de travaux artistiques divers, se montre néanmoins déterminé à satisfaire ses fidèles collectionneurs.

__________________________________________________________

 

« Chère Madame, Je reçois votre lettre ici avant que je vous aie fait la politesse de vous annoncer un envoi. Il est vrai que vous l’attendiez ! Je vous ai envoyé deux esquisses qui se complètent. Vous voyez qu’il y a pour votre interprétation une large marge, cela vaut mieux je crois, surtout avec un interprète qui est de la partie. Je m’étais proposé de vous faire un carton plus au point, c’est ce qui avait retardé mon envoi. Je suis heureux qu’il vous plaise ainsi et je suis certain que vous ferez une belle tapisserie. Je crois que la grosseur moyenne des laines sera mieux que la fine.

Je suis évidemment très chargé de besogne et même ici je travaille beaucoup. J’ai tant à faire et c’est si long et si difficile de se donner une petite satisfaction, qu’il faut entreprendre beaucoup d’ouvrages pour en mener de temps en temps un à bien.

Je regrette de ne pas voir Monsieur Rome à un passage à Paris. Nous-mêmes remonterons à Paris par Marseille où je dois faire des dessins pour illustrer un roman d’Eugène Montfort et alors nous ne pourrons pas refaire ce beau voyage de l’année dernière qui nous a laissé un si bon souvenir des beaux paysages du Dauphiné et de la si gracieuse réception que vous avez bien voulu nous faire ainsi que vos amis de Grenoble. Croyez que ce sera pour nous un grand plaisir que de gouter de nouveau à votre cordiale hospitalité.

Veuillez présenter à votre mari notre meilleur souvenir et veuillez agréer pour vous, avec le bon souvenir de ma femme, mes hommages très respectueux de votre Raoul Dufy. »

 

__________________________________________________________

 

« Cher Monsieur, Excusez mon retard à vous répondre. Je pensais vous envoyer la présente avec le carton de tapisserie que j’ai promis à Madame Rome. Je ne pourrai encore le faire ce soir. J’ai encore quelques heures de travail pour compléter mon esquisse afin qu’elle soit tout à fait digne de la forme qu’elle prendra sous les mains gracieuses qui la tisseront.

Voici les dimensions du panneau qui pourra être réduit d’ailleurs à la convenance de Madame Rome : largeur 0m72 – hauteur 0m82 bordure comprise. La bordure a 0m05 de largeur. Elle pourra être tissée avec le panneau ou rapportée. Je réponds à Madame Rome au sujet de la laine que je vais lui envoyer ainsi qu’elle me le demande et lui donne les indications nécessaires à l’exécution.

Je dois venir à Grenoble avec Poiret, ce sera sûrement dans les premiers jours de décembre. Le si bon souvenir que nous avons gardé ma femme et moi de notre séjour dans votre pays nous incite fort à un nouveau voyage, mais mes travaux si nombreux et variés me forcent à un labeur assidu ici.

J’ai hâte de voir ma collection de tissus pour l’ameublement prête et je m’y suis presque entièrement occupé depuis quelques mois. J’ai fait quelques compositions nouvelles et qui vous plairont j’espère.

J’ai été très heureux du succès de Farcy [Pierre-André Farcy, conservateur du musée de Grenoble] pour lui et ses mérites personnels et aussi qu’il le doive à ses amis de Grenoble.

Excusez encore le retard que j’ai mis à exécuter ma promesse et à répondre à vos lettres. J’ai beaucoup de correspondance en retard, j’ai l’air d’oublier mes amis, mais ce n’est qu’une apparence, c’est pour eux et pour leurs femmes que je fais des étoffes agréables, que j’illustre des livres, que je peinds [sic]. C’est pour vous cher Monsieur, je ne vous écris pas mais je pense à vous. Je vous envoie mon bien cordial souvenir. Raoul Dufy. »

__________________________________________________________

 

L’aventure textile commence, pour Dufy, avec le couturier et décorateur Paul Poiret, vers 1910 ; ensemble, ils créent des vêtements et des tissus d’ameublement, mais aussi des “tentures” avec le même procédé d’impression sur tissu mais dans des dimensions qui l’amènent à travailler ses motifs en d’amples compositions, proches de celle des tapisseries. Comme Paul Poiret, Dufy dessine des modèles de sacs à main en laine et soie tissés à la manufacture de Beauvais à la fin des années 1920.

 

 

Formulaire de contact

Nouveautés