Antoine LAVOISIER (1743-1794)
Lettre autographe signée à son cousin Charles-Nicolas Parisis.
Deux pages in-8°. Mouillures et cachet de cire sur le 4e feuillet.
Sans lieu, 22 mai 1792.
Belle lettre du chimiste Français éteignant avec fermeté un point de discorde avec son cousin sur ses acquisitions de fermier général.
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« Il faut Monsieur et cher parent avoir acquis bien des droits sur quelqu’un pour entreprendre de lui donner des leçons ; je commence à être assez vieux pour avoir perdu l’habitude d’en recevoir ; enfin même avec des droits acquis, il y a des ménagements et des égards à observer. C’est à quoi se borneront mes réflexions sur votre dernière lettre. Puisque les offres que je vous ai faites et sur lesquelles nous ne nous sommes pas bien entendus peuvent devenir un objet de difficulté entre nous et comme je serais au désespoir qu’il put en exister, je vous prie de les regarder comme non avenues, ainsi que la lettre que je vous ai écrite à ce sujet. Je sais apprécier le zèle, l’activité et l’intelligence que vous avez apportés dans les acquisitions que vous avez faites pour moi. Je compte pour beaucoup plus encore les marques d’attachement que vous m’avez données dans cette occasion. Je vous prie de recevoir l’expression de toute ma reconnaissance et d’accepter une somme de six mille livres que je vous ferai tenir à Villers-Cotterêts ou qui seront à votre disposition à Paris à votre choix. J’ai l’honneur d’être, avec un très parfait attachement, Monsieur et cher parent, votre très humble et très obéissant serviteur. Lavoisier. »
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Dans les années 1791-1792, après la Révolution, l’assemblée décide de vendre les biens nationaux à des particuliers afin de renflouer les caisses de l’État. Les ventes se font aux enchères avec paiement éventuel sur douze annuités. Lavoisier s’évertua ainsi à enrichir ses domaines et à faire acquisition de nouvelles terres et fermes. C’est son cousin de Villers-Cotterêts, Charles-Nicolas Parisis – destinataire de la présente lettre – qui fut chargé par Lavoisier de ces achats. Au total, Lavoisier se porta acquéreur de plus de mille hectares de fermes autour du village natal de sa famille.
Dénoncé aux autorités révolutionnaires comme traitre à la nation, accusé d’avoir spéculé contre l’intérêt des citoyens Français, il est incarcéré le 28 novembre 1793 à la prison de Port Libre. Condamné à mort, il est guillotiné le 19 floréal an II (8 mai 1794), place de la Révolution.
Le lendemain de l’exécution de Lavoisier, le mathématicien Louis de Lagrange écrit : « Il ne leur a fallu qu’un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable »
Lavoisier. Éric Jacques. Ed. Ellipses. 2019.