Victor HUGO se réjouit du succès de “La Légende des Siècles”. 1859.

“Quatre mille exemplaires vendus en un mois à Paris, l’édition déjà épuisée, c’est bien. Je crois que ce livre aura quelque chose de la fortune de N.D. de Paris.”

5.500

Victor HUGO (1802.1885)

Lettre autographe à Noël Parfait, à Bruxelles.   

Deux pages ½ in-8°. Adresse autographe, timbre et oblitérations postales.

Hauteville house. 8 et 10 novembre [1859]

 

“Je crois que ce livre aura quelque chose de la fortune de N.D. de Paris.”

Importante lettre du poète relative à la récente parution de son premier recueil de La Légende des siècles. La première série La Légende des siècles parue fin septembre 1859 déchaîne les critiques et les admirations dans toute l’Europe. Des premières, Hugo fait fi : « Depuis trente ans, je n’ai pas lu un mot […] de ce qui a été écrit contre moi » et envoie sans vergogne la presse opposante dans les water-closet de Guernesey. Des admirations, il se réjouit, se félicitant du succès d’édition de son ouvrage : « quatre mille exemplaires vendus en un mois à Paris, l’édition déjà épuisée, c’est bien. Je crois que ce livre aura quelque chose de la fortune de N.D. de Paris. »

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« Je reconnais sur une bande l’écriture de votre bonne et chère main ; j’ouvre et je trouve sur cette bande un charabia catholique intitulé le Sourd de Bruxelles. Ne m’envoyez plus de ces choses. Depuis trente ans, je n’ai pas lu un mot (ceux qui me voient de près le savent) de ce qui a été écrit contre moi. Pas un Planche, pas un Veuillot, pas un Caro, par un Barbet, n’ont eu la joie de se dire qu’ils m’avaient eu pour lecteur. J’ai autre chose à faire, la vie est courte ; le peu de minutes dont je puis disposer en dehors du travail qui est ma fonction et mon devoir, je les réserve à mes amis ; quant à mes ennemis, je n’ai rien pour eux, je n’ai pas même à leur donner le temps d’un sourire de dédain.

Charles [Charles Hugo, son fils] a lu trois lignes du dit griffonnage clérical belgiquois, puis l’a décimé au water-closet, sans opposition de ma part. Je me suis borné à lui dire : où tu voudras.

10 9bre. – Ceci était écrit depuis deux jour quand m’arrive de votre part, ô cher et charmant ami, encore un journal de Bruxelles, encore un engueulement catholique. Celui-ci en l’Universel signé M. Cette majuscule a été de droit au water-closet ; comme l’autre et il va sans dire que ni moi, ni personne d’ici, n’en avons rien lu. Si j’avais été Voltaire, je me serais, sans colère, mouché de Nonotte et torché de Patouillet.*

De quoi je vous remercie, cher Parfait, c’est de votre lettre où vous avez mis toute votre bonne et charmante âme. Du reste les nouvelles sont bonnes : quatre mille exemplaires [de la Légende des sièclesvendus en un mois à Paris, l’édition déjà épuisée, c’est bien. Je crois que ce livre aura quelque chose de la fortune de N.D. de Paris.

Ne vous préoccupez pas de la Revue indépendante, renseignements pris, c’est un farrage classique doctrinaire, écrit en anglo-français, imprimé à Londres, lu nulle part.

Emile Allix est arrivé. Cela fait que j’ai tout reçu : exemplaires de Paris et exemplaires belges ! – Je vous remercie de vous être informé si ceux de Londres avaient les leurs. – A propos, [Désiré] Bancel a-t-il eu le sien ? Et Frédérix ? et Van Hasselt ?Allix me dit que l’honorable Proudhon, ancien partenaire de la partie d’échecs de [?] ce quasi-approbateur du 2 décembre, est déchaîné contre La Légende des siècles. Cela va de soi. Ce brave homme est le Chrysale du socialisme ventru. Il adore Boileau et a raison. Avec la lettre pour Hetzel, je vous en envoie une pour Deschanel et une pour M. Gruson. Voulez-vous bien vous en charger ? à vous – profondément. »

 

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* Claude Adrien Nonnotte (1711-1793), auteur des Erreurs de Voltaire, et Louis Patouillet (1699-1779) : “Il est plus célèbre par les sarcasmes de Voltaire que par ses écrits”.

Ancienne Collection Jacques Martin.

 

 

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