La duchesse de MONTPENSIER s’oppose à son père.

« Dieu veille que sela ne soit plus et que je ne resoive de votre altesse Roialle que des marques de sa tendrese et de son amitie »

2.800

Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de MONTPENSIER (1627- 1693)

Lettre autographe signée à son père, Gaston d’Orléans.

Sept pages in-4°. Adresse « A Monsieur » sur la huitième page. Cachets de cire noire

Saint-Fargeau. 3 janvier [1654]

 

« Dieu veille que sela ne soit plus et que je ne resoive de votre altesse Roialle que des marques de sa tendrese et de son amitie »

 

Longue et importante lettre relative aux démêlés financiers qui l’opposèrent à son père, pour récupérer les biens immenses que lui avait laissés sa mère, Marie de Bourbon, et que son père, remarié à Marguerite de Lorraine, gérait.

Exilée à Saint-Fargeau après la Fronde, la Grande Mademoiselle met de l’ordre dans l’immense fortune héritée, et demande qu’on lui rende les comptes de tutelle. Craignant que son père soit mal informé de ses intentions, la duchesse le prie de lire cette lettre.

 

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« Je suis si persuadee que jusques a sete heure VAR a ete si mal informee de mes intensions que pour les luy faire conetre osi respectueuse quelle sont et quels ont toujours ete je me suis resolu de les luy ecrire et denvoier ma letre par se porteur qui etent home de merite poura la rendre luy mesme a VAR[.] Insi jespere et je luy demende en grase quelle se done la pene de la lire tout du long coy que longue et facheuse car les afaires sont toujours telles[.]

VAR se souviendera sil luy plet que cand jetes a Blois au mois dout elle comensa a me vouloir parler dafaires et ositost sen ala et me lesa avec madame qui me comenda de mender que lon mit par ecrit les debas de notre conte afin de metre par sete voie les chose en acheminement de finir[.] Je luy dis que si setet le plus pron moien de le fere que je le menderes avec joie mes que si sela nous pouvet engager dans des longueurs qui enfin nous forseret de pleder que je ne le feres pas[.]

Come nous fumes a Orleans mr Goulas me dit quil falet que ses debas fuset veus par mr Renardeau et que sela etet nesesere je me recris fort la desus et nous en disputames fort[.] Il me dit que setet une chose nesesere avent que de metre nos afers entre les mains de mr de Cremont et le bon apres avoir bien crie nous ne conclumes rien si non que si setet unne formalite dont lon ne se put paser et que sela ne donat nul droit au srMenardeau de se meler de snos affaires que je poures y consentir[.]

Mais jay apris que si sete formalite dexaminer notre conte devent luy se faiset sela nous oblige a le metre pour troisyeme arbitre ce que je suplie VAR de trouver bon que je ne fase pas car monsieur tous les iens du parlement qui ont etes mazarins otant que seluy la me seront touiours fort suspecs en letat ou je suis et  votre altese Roialle est trop juste pour naprouver pas un tel sujet de recusation[.]

Enfin monsieur il nest point nesesere que notre conte soit examine devent dotres que nos arbitres mes come je ne suis pas ases abilles pour vous dire les raisons pourcoy et quelles vous seres peut etre suspecte si VAR voules nomer quelques persones de ses amis qui sont jens inteligens jen nomeres osi veret avec mr de Choisi et votre conseil et le mien de quelle maniere lon en peut user pour oter lafere dentre les mins de mr Menardeau sans luy dire que set quil est masarin coy que persone ne desavoue en letat ou sont les chose sete calite sela ne tirera point de longue au contrer car alent tout droit os arbitres sela abregera tout le tens quil oret falu emploier opres de mr Menardeau qui oret été inutile car de mon cote je nores rien faict[.]

Je ne say pas apres sela monsieur si lon me peut acuser de tenir les chose de longueur et si les persones qui vous avet propose de vous metre en position de mon bien sens que lon ut eclersi ce qui vous en apartient seront dans les memes sentimens ce qui me facheret fort si VAR les croiet car se me seret unne sensible douleur si jetes obligee de me defendre contre elle mes jespere de sa bonte quelle nen viendera point la et jose luy dire que sela nous feret un grand tor alun et alotre en letat ou nous soumes et jores bien lieus decrire que les moves ofises que la cour ma toujours rendus opres delle oret u leurs efaict coy quelle met si souvent asuree du contrere toujours si jay des enemis je ne me les suis point atires car jenay jamais faict de mal a persone pour oppres de votre altesse Royalle set ama confusion que je puis dire nen avoir point faict puisque jay toute ma vie ete en etat dens resevoir de sens quelle honoret de ses bones grase dieu veille que sela ne soit plus et que je ne resoive de votre altesse Roialle que des marques de sa tendrese et de son amitie pour de moy elle nen reservera jamais que de respec dobisense et de veneration et damitie si je lose dire aient lhoneur detre ce que je luy suis Anne Marie Louise Dorleans. »

 

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L’affaire entre le père et sa fille fit grand bruit, les sommes en jeu étant alors aussi considérables que les personnalités en cause.

Rare document.

 

 

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